LA DESILLUSION DES MEDECINS GENERALISTES. COMMUNIQUE DE PRESSE, Syndicat UNION FRANCAISE POUR UNE MEDECINE LIBRE (UFMLs)
COMMUNIQUE DE PRESSE, Syndicat UNION FRANCAISE POUR UNE MEDECINE LIBRE (UFMLs)
Date : 10/01/2022
TITRE : LA DESILLUSION DES MEDECINS GENERALISTES.
Désillusion.
C'est
le mot qui me vient à l'esprit en lisant chaque jour les doléances des
confrères qui déplaquent et quittent le métier de médecin, en regardant
le reportage de Mme Lucet qui nous méprise, en lisant les menaces de
mort et les insultes que mes confrères et moi-même recevons
quotidiennement pour avoir osé prendre position pour la Médecine, contre
l’obscurantisme.
1 interne se suicide tous les 18 jours. 1 médecin tous les 8 jours.
Nous étions 80.000 médecins traitants en 2012. Nous sommes 57000 aujourd'hui et l'hémorragie se poursuit.
Par
"nous", j'entends les milliers de médecins généralistes libéraux, qui
sont le premier rempart du système de soins, au même titre que les
urgences.
Nous, médecins de « premier recours ». Médecins sans
importance aux yeux du gouvernement, corvéables à merci, payés 25 euros
pour 20 minutes après 6 ans d'études et encore 3 ans d’exercice au
service de l'Etat dans les hôpitaux, dans les déserts médicaux, que l'on
appelle l'internat.
Nous, médecins, qu’on a sélectionnés pendant
des années avec des numerus clausus ne laissant place qu’à la perfection
d’un étudiant scientifique sur 10 et qu’on accuse maintenant de ne pas
être assez nombreux !
Nous, médecins, qu'il a suffi de shunter en
mars avril 2020, lorsque l’Etat a recommandé aux patients d’éviter les
cabinets et se rendre directement en pharmacie, en nous promettant une
aide, la DIPA, que nous avons dû rembourser depuis. Oui, nous, médecins,
si on nous aide, parce qu'on nous a demandé de fermer, on nous demande
ensuite de rembourser !
Nous, médecins traitants, dernier maillon de
la chaîne, que l'on informe via des emails de « DGS Urgent » qui nous
ordonnent d'agir de telle ou telle manière, sans même plus prendre la
peine de nous consulter via nos instances ou nos syndicats, ni de se
justifier par la moindre bibliographie scientifique.
Nous, médecins,
à qui l'on demande d'utiliser des outils informatiques mal pensés,
beugués, souvent indisponibles, comme le SIDEP qui ne s’affiche pas pour
les généralistes libéraux depuis des semaines, ou qui nous excluent
carrément, comme le site de commandes de vaccins, qui nous oblige à
mendier nos doses chaque semaine.
Nous, médecins, dont certains
confrères sont morts au front, parce qu'il faut un test négatif pour
aller au cinéma mais pas pour tousser sur son médecin, parce que nos
vies sont si peu importantes que nous ne sommes même pas prioritaires
aux tests PCR.
Nous, médecins, qui devons expliquer ensuite les
incohérences et les tergiversations du gouvernement, les "mais en même
temps" et les "quoi qu'il en coûte" qui n'expliquent pas pourquoi il
faut un test pour prendre l'avion, mais pas pour monter dans une rame de
métro bondée, ni à quoi cela sert de contrôler des QRcodes sans
contrôler l'identité, ni pourquoi l'application de contrôle des QRcodes
ne différencie pas les PCR des tests antigéniques?
Nous, médecins,
qui devons expliquer pourquoi 3e dose, pourquoi les enfants, pourquoi
pass vaccinal, pourquoi on arrive à saturation à force de servir de
soupape à la société.
Nous, médecins, à qui la CPAM a osé rémunérer
des vaccinations moins de dix euros, tandis que l’ARS privilégiait des
vaccinodromes et que l’Etat a même l'audace de vouloir remplacer par des
infirmiers en pratique avancée...
Nous, médecins de ville, épuisés,
que l'on voudrait réquisitionner pour suppléer nos collègues
urgentistes, eux-même épuisés et en fuite pour des raisons quasi
similaires.
Nous, médecins libéraux, qui voyons les 99% des patients avant qu'ils arrivent à l’hôpital, qui les suivons, qui les informons.
Ce
n'est plus seulement une question de formation ou de recrutement, c'est
maintenant une question de déficit de vocation, de désespoir, et notre
fuite vers d'autres métiers.
A quand des réponses ?
A quand
l’Etat cessera-t-il d’être observateur de l’effondrement du système de
soins et décentraliserait les décisions de Santé Publique aux URPS et
non à des énarques ou des fonctionnaires ?
A quand arrêtera-t-on d’accuser les médecins de ne pas aller là où aucune autre profession ne veut se rendre ?
A
quand les tarifs de consultations, bloqués depuis des années au plus
bas niveau d’Europe, seront à nouveau libres et pourront s’aligner
d’eux-même sur la moyenne européenne ?
A quand une CPAM et des
mutuelles qui ne décideraient plus pour nous des tarifs que nous devons
pratiquer, sans prendre en compte ni le temps passé avec le patient, ni
la difficulté de l’acte et sans connaître notre métier, mais qui, au
contraire, feraient simplement leur travail de remboursement des soins ?
A quand une France où il fait bon être médecin, s’engager pour la
santé des citoyens, se passionner pour son prochain, se sentir à l’aise
dans son travail en contrepartie du sacrifice d’une vie dédiée à
l’intérêt général, comme dans tous les pays du monde ?
A quand ?
Jean Tafazzoli, élu UFMLS - 06 23 046 046 / jean.tafazzoli@gmail.com / ufmls.aura@gmail.com
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